Antigone.

Publié le par Lectaritude et zôtres critures

 

   « Antigone »
    Auteur : Jean Anouilh
    Pays : France
    Genre : Théâtre
    Editeur : La table ronde
    Date : 1946 (Ed. originale)
    Avis : «««««
 
 
 
S, 14 ans révolus, la chair de ma chair, se nourrit exclusivement de mangas, entretenant mon désespoir éducatif et vidant accessoirement ma bourse (qu’est-ce que c’est cher à haute dose les mangas !!). Un puits de science, c’t’enfant là, dès lors qu’on évoque « One piece », « 20th Century boy », « GTO », « Hikaru no go » et autre « Naruto ».
 
Peu habitué à la croiser avec un livre, un vrai, dans les mains, je fus éberlué de l’apercevoir lisant l’Antigone d’Anouilh. Un passage à Thèbes cet été, nous avait permis de réviser la mythologie grecque (Œdipe, le sphinx, Antigone, Créon, …), sujet qui la passionne, depuis l’an dernier, où avec son cours de théâtre, le spectacle répété puis joué en fin d’année, incorporait un extrait de ladite pièce.
 
Mais enfin, de là à penser que ...
 
-         Tu lis Antigone ? …
-         Et c’est pour l’école ? …
-         Ah non ! Et c’est pourquoi alors ? …
-         Pour rien ! comme ça !
 
(Je touche instinctivement son front)
 
Vingt quatre heures plus tard, pfuit, achevé le bouquin !
… Et de dire que c’est génial ! … Grand blanc… J’ai raté un épisode ?
 
Quand je pense que j’ai vainement tenté de lui faire lire « le têtard » de Lanzmann et quelques dizaines d’autres du même acabit. Dans quoi m’étais-je fourvoyé ? C’t’enfant là aime le beau, le pas trivial, et ça je le savais déjà ! Impardonnable, je suis. On n’a pas idée, pfff, « le têtard » !
 
S, 14 ans révolus, la chair de ma chair, spécialiste es mangas, a adoré « Antigone » - Mais … qu’y a-t-elle donc vu ?
 
Je l’ai lu aussi, mais j’étais à peine plus vieux qu’elle. Il faut se rendre à l’évidence : Il ne m’en reste rien ! 
 
Alors je l’ai relu…
 
Et …
Et comme tu as raison mon cœur, c’est beau !
 
Cette pièce est un hymne. Il est question de dignité, de courage, de décence, de révolte, d’abnégation, de résistance, de rébellion à l’ordre établi, de pied de nez à la stupidité des hommes …
 
Mais aussi d’entêtement, de pouvoir, de la difficulté à l’exercer, et de bonheur.
 
Antigone formule les exigences de son bonheur. Elle ne veut pas d’un bonheur facile, comme Créon le lui propose. Son entêtement à mourir n’a pas besoin d’autres justifications finalement. L’auteur met en lumière l’orgueil démesuré de cette adolescente « tête de mule », dont les motivations sont difficiles à cerner tant sa quête semble vaine. Elle finit par le regretter d’ailleurs comprenant que le choix de mourir est un choix facile, et que le vrai courage est dans la vie.
 
On est facilement compatissant avec ce Créon, qui cherche simplement à faire le bonheur de ses concitoyens, et qui se donne du mal pour convaincre Antigone du bien fondé de sa démarche. Si ce n’est son cynisme politique et les outils utilisés pour servir son dessein, il serait presque sympathique !
 
Si l’on replace l’œuvre dans son contexte historique, Anouilh donne une version personnelle, de l’histoire d’Antigone relatée par Sophocle (441 avant Jésus-Christ), qui, lui-même, avait trouvé dans la mythologie grecque, la source de son inspiration. Anouilh l’écrit en 42, en pleine guerre. Le texte de Sophocle lui apparait comme une évidence, pour décrire la tragédie quotidienne de ses contemporains. Il revisite le mythe d’Antigone et y transpose sa réalité d’alors : Antigone symbolise la résistance, et comment ne pas voir Pétain dans le personnage de Créon ?
 
Plus de 60 ans plus tard, le texte reste étonnement d’actualité, n’a rien perdu de sa force, et est toujours aussi beau.
 
Comment avais-je pu l’oublier ?
 
Citations :
 
« La nourrice : D’où viens-tu ?
Antigone : De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.
…/…
Antigone : Le jardin dormait encore. Je l’ai surpris, nourrice. Je l’ai vu sans qu’il s’en doute. C’est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes. »
 
« Antigone : Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que tu sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.
Créon : Le tien et le mien, oui, imbécile !
Antigone : Vous me dégoutez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Moi je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier – ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sure de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir »
 
« Comprendre ; toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles. »
 
Le face à face Créon-Antigone est une pure merveille. Cette pièce est un chef d’œuvre. Grand plaisir, j’ai pris, à la relire.

Publié dans Théatre

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S
moi s. la chére de sa chère à trouvé en commençant a lire l'article que les petits commentaires à mon sujet me fesaient passé pour une petite inculte (mais gentiment ^^) mais en lisant l suite , sa va ! mais sa ma étonné que tu soit surprit que j'ai aimée se livre ^^ !!!!!!
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