Blankets - Manteau de neige

Publié le par Lectaritude et zôtres critures

 

 

 

« Blankets – Manteau de neige »
Auteur/ Dessinateur : Craig Thompson
Genre : Roman graphique
Année : Janvier 2005
Edition : Casterman
Avis : ŸŸŸŸŸ            
 
 
 
 
 
 
 
Un OVNI, ce roman graphique est un OVNI (*).
Une foule d’excellentes surprises dans cette BD, heu ce roman, heu …
 
Le roman graphique, voilà encore un concept que je ne connaissais pas. A mi chemin entre la BD et le roman.
Il s’agit d’une BD, mais écrite comme un roman. L’usage des bulles est limité aux dialogues. Un texte écrit est le support de la narration. C’est extrêmement plaisant.
 
Depuis que je me suis rendu compte de l’existence de cette « nouvelle sorte » de plaisirs de lecture, je me suis fendu d’une petite visite à mes fournisseurs de « choses à lire et à écouter » habituels, pour découvrir que le concept n’est pas neuf, et qu’il en existe de toutes sortes. Ne négligeons pas le fait que je suis ravitaillé par les corbeaux, ou plus exactement que je manque de curiosité, ou même que j’ai un tantinet de mal à m’aventurer dans des rayons inconnus et sortir des sentiers battus. Mais ne désespérons pas, légèrement aiguillé en amont, on y arrive. Même Fred Vargas en a fait !
 
Un OVNI donc…
 
D’abord sa taille, 600 pages quand même !! (Première fois que je lis une BD aussi longue !!) Et c’est bon …
 
L’histoire est intéressante bien que conventionnelle. Le récit autobiographique de la vie de l’auteur de son plus jeune âge jusqu’à la fin de son adolescence. Ses petites fractures, ses souffrances, son premier grand amour … Un ensemble narratif qui intéressera sans aucun doute un public d’adolescents bien plus concernés par le sujet que votre serviteur.
 
Ce qui est intéressant et assez stupéfiant c’est le traitement. Et là, pardon, c’est une énorme baffe, dans le bons sens du terme. M’a littéralement scotché.
 
Craig Thompson l’auteur (et le héros donc) est un pur génie, dans un style atypique à loisir. Jamais rien lu/vu de tel. Une créativité débridée, sans limite, l’usage de technique esquissée chez d’autre qui sont là, élevées au rang d’art.
 
Un dessin à gros traits, assez grossier et pourtant infiniment riche. Des « envolés lyriques » graphiques. Des trouvailles inouïes pour matérialiser des sentiments, l’usage de technique cinématographiques (le personnage qui se projette dans la scène et qui revient à la réalité en fondu enchainé, une télé qui « fait de la neige » en gros plan qui devient une joue qui se rase en deux cases, le son va avec…), une planche parfois complètement déstructurée, sans cadre, c’est la limite du dessin qui fait le cadre, des pleine page d’un seul dessin, véritables tableaux à l’encre de chine, pleins d’arabesques et de courbes, fantaisies graphiques support d’un onirisme débridé ….
 
Thompson n’a pas son pareil pour nous rappeler des petits moments d’enfance, que l’on avait oublié, la neige qui craque sous le pas, …
 
Coté thèmes, une peinture sans complaisance de l’Amérique profonde dans un petit village du Wisconsin, ou la religion est le liant des âmes, ou les préjugés et les idées reçues sont légions, ou un enfant sensible survit comme il peut avec son jeune frère en s’inventant des jeux nocturnes de naufrages improbables, en s’échappant dans le dessin.
 
Et puis un grand amour, un vrai, un pur, un qui n’est pas pollué.
 
Quelques thèmes sous jacents qui ne sont pas faciles, ou l’auteur évoque par petites touches, des épisodes traumatisants de sa vie.
 
Au final, un roman d’une très grande sensibilité. A conseiller aux adolescents matures.
 
 (*) Ce qualificatif n’est pas de moi (rendons à césar), elle se reconnaitra. Merci de m’avoir inspirée cette intro et conseillé cette BD.

Publié dans Lecta BD

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