La philosophie dans le boudoir.

Publié le par Lectaritude et zôtres critures

  

« La philosophie dans le boudoir»
Auteur : Sade
Pays : France
Genre : Roman
Editeur : Folio
Date : 2005 (Ed. Originale 1795)
Avis : «««««
 
 
 
Une discussion passionnée sur Houellebecq qui fini par … « à tout prendre je préfère encore Sade ! ». Tiens c’est vrai. Sade. Jamais lu. Bing, me voilà parti m’enquérir de quelques œuvres du cher marquis.
Devant le rayon, grande perplexité, le bougre a été prolixe. « Les 120 journées de Sodome » ne me disent rien. Va savoir pourquoi ? Je jette mon dévolu sur deux petits livres « La philosophie dans le boudoir » et « Ernestine », au titre moins inquiétant         . J’y ajoute « Les crimes de l’amour » pour faire bonne figure avec un ouvrage un peu plus épais, histoire de pouvoir dire que j’ai visité l’œuvre de Sade !
 
Je commence arbitrairement par « la philosophie du boudoir » dont le récit me paraît accessible,  dont la notice en tête de livre dit que l’on peut le considérer comme la somme des doctrines de Sade.
Bien.
Une synthèse pour commencer.
 
L’histoire est simple : Une jeune fille vient, de son plein gré,  « subir » un parcours initiatique sur l’art du libertinage, dans un boudoir, guidée par une femme et deux hommes.
La théorie est bien détaillée et la pratique largement représentée. Les descriptions sont exemplaires.
 
Le livre est une suite de réflexion pseudo philosophique (à deux balles), suivie de leur illustration in situ (Ah l’expérimentation ! rien de tel pour éprouver une bonne théorie). Disons-le tout net, c’est du cul. Alors, ne soyons pas trop cru : du cul oui mais du cul littéraire, dans un style acceptable. C’est du porno soft si on établit une comparaison avec le premier film X venu. Plutôt gentillet et moins agressif que des images. Mais tout de même ! Replacé dans son contexte historique (1795), on imagine qu’à cette époque ces écrits aient pu décoiffer !
 
L’aspect philosophique n’est pas vraiment passionnant. Sade théorise sur les justifications du libertinage. Tous les thèmes classiques qui gravitent autour, en opposition, sont abordés. En vrac : L’adultère, la religion, Dieu, le mariage, l’inceste et des thématiques plus crues comme, le plaisir par le sexe sous toutes ses formes avec une justification particulièrement riche sur la sodomie, qui, on l’apprend, présente beaucoup d’avantages et peu d’inconvénient.
 
Le livre ne fait que 120 pages mais à la cinquantième on a compris. C’est ensuite un peu répétitif.
 
Quelques réflexions extraites, histoire de juger de la hauteur de vue du marquis.
 
(Parlant de Dieu)
« S’il est certain qu’à supposer que cet être inerte existât, ce serait assurément le plus ridicule de tous les êtres, puisqu’il n’aurait servi qu’un seul jour, et que depuis des millions de siècles il serait dans une inaction méprisable ; qu’à supposer qu’il existât, comme les religions nous le peignent, ce serait assurément le plus détestable des êtres, puisqu’il mettrait le mal sur la terre, tandis que sa toute-puissance pourrait l’empêcher »
 
 
Au fond au bout de la lecture on est un peu déçu. Le livre illustre assez succinctement l’idée qu’on se fait du sadisme. Il paraît que je n’ai pas lu le bon, et que d’autres sont beaucoup plus violents et donc … plus sadiques. Je ne suis pas certain d’avoir envi d’investiguer.
 
En fin d’ouvrage quelques éléments traitant le sujet sont livrés par l’auteur. On peut lire par exemple :
 
« Est-il charitable de faire mal aux autres pour se délecter soi même ? Les coquins vous répondent à cela, qu’accoutumés dans l’acte du plaisir à se compter pour tout, et les autres pour rien, ils sont persuadés qu’il est tout simple, d’après les impulsions de la nature, de préférer ce qu’ils sentent à ce qu’ils ne sentent point. Que nous font, osent-ils dire, les douleurs occasionnées sur le prochain, les ressentons-nous ? Non, au contraire, nous venons de démontrer que de leur production résulte une sensation délicieuse pour nous. À quel titre ménagerions-nous donc un individu qui ne nous touche en rien, à quel titre lui éviterions-nous une douleur qui ne coutera jamais une larme, quand il est certain que de cette douleur va naitre un très grand plaisir pour nous. »
 
Ou encore
 
«  La cruauté, bien loin d’être un vice, est le premier sentiment qu’imprime en nous la nature »
 
«  nous distinguons en général deux sortes de cruauté ; celle qui nait de la stupidité, qui jamais raisonnée, jamais analysée assimile l’individu né tel, à la bête féroce ; …/… l’autre espèce de cruauté, fruit de l’extrême sensibilité des organes, n’est connu sue des êtres délicats, et les excès ou elle les porte ne sont que des raffinements de leur délicatesse ; c’est cette délicatesse trop promptement émoussée à cause de son excessive finesse qui, pour se réveiller, met en usage toutes les ressources de la cruauté, qu’il est peu de gens qui conçoivent ces différences »

Publié dans Romans français

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