La fille de papier

Publié le par Lectaritude et zôtres critures

La fille de papier

 

 

 

 

« La fille de papier »

Guillaume Musso

France

Roman

Pocket

2011

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Musso, comme son camarade Levy, ont parfois été vilipendé dans ces colonnes sous couvert qu’ils produisent une littérature de gare, ou de plage c’est selon, que je goutte assez peu, sous le prétexte, dont d’aucun diront qu’il est fallacieux, que cette production n’apporte rien d’autre qu’une distraction passagère, que le temps qui passe, inexorablement, efface de nos esprits.

 

J’ai même dit, ou écrit plus précisément, que les deux auteurs sus cités écrivaient comme des manches et que leurs ouvrages n’étaient même pas exempts de fautes d’orthographe.

Notez que je ne manque pas d’air, quand, à la relecture de certaines de mes chroniques, je dénombre, atterré, un nombre incommensurable de fautes, qu’une relecture pourtant méthodique, ne suffit à éliminer. Shame on me.

Mais j’ai des excuses. D’abord je ne suis pas écrivain, et je n’ai, bien entendu, pas plus de comité de lecture (et de correction) que de trombones à coulisse.

 

Je suis souvent pétri de certitudes, et celle-ci étaient solidement ancrées en moi, légitimée par la lecture de deux ou trois de leurs ouvrages respectifs, ne manquant jamais d’affirmer haut et fort que, décidément, la « littérature populaire » ça n’était pas ma tasse de thé, à chaque fois qu’un quidam lambda m’interpellait sur le sujet. Rien de snob dans cette position, juste l’expression un peu brutale de mes gouts littéraires.

 

L’âge aidant, je m’arrondis, les jugements à l’emporte-pièce me paraissent désormais un poil excessifs, les certitudes d’antan s’effilochent, laissant place à plus de modération. Et sur ce thème, justement, je me disais qu’à l’instar du cinéma de divertissement, pourquoi n’y aurait-il pas une place pour ce genre de littérature, dont le seul objectif serait précisément de distraire, de divertir, de susciter, ne fusse qu’une paire d’heures, l’oubli de nos turpitudes quotidiennes ?

 

Entendons-nous. Cette place sur le marché du livre existe indéniablement pour une grande majorité de nos contemporains, les Musso et autres Levy sont en effet des auteurs à gros tirages, dont les ouvrages ornent à grande échelle les serviettes de bains et autres transats des plages de tous les fronts maritimes et touristiques.

Non.

La question, je me la pose à moi-même. N’y aurait-il pas une place, dans mes lectures ?

 

J’ai lu ce livre sur recommandation, sur insistance devrais-je dire. J’ai, pour ce faire, interrompu « Le prince » de Machiavel, dont, je dois bien convenir que la lecture est moins aisée. Enfin bref … Avec cette fille de papier, l’analogie avec le cinéma de divertissement m’a sauté à la figure, si je puis m’exprimer ainsi, dans la première moitié du livre.

 

Sur le fond rien a changé : Le style n’est pas inoubliable, mais il ne faut rien exagérer, ça se lit tout de même très bien. La première moitié du livre est proprement palpitante. Impossible de lâcher le bouquin sans savoir … Le genre de truc qui fait des petites nuits.

 

Et puis, et puis c’est comme d’hab, Musso ne résiste pas à rallonger la sauce. L’ouvrage doit sans doute être calibré en nombre de pages, exigence de l’éditeur ? Je ne sais, si ce n’est qu’il lasse gravement son lecteur sur la deuxième moitié, s’oubliant en ambages inutiles et en personnages secondaires pléthoriques. C’est un peu chiant et infiniment long. On s’ennuie un peu.

 

Je qualifierai cette seconde partie d’homéopathique, non pas en référence à une quelconque qualité curative, mais plutôt pour illustrer le taux de dilution abyssal de la narration principale dans une kyrielle de circonvolutions annexes autant qu’inutiles. La vacuité de cette partie est sidérale.

 

Un happy end à l’américaine pour couronner le tout.

 

Alors synthétisons le propos. Je me fais le chantre de la littérature populaire dans la première partie de ces lignes - enfin le chantre, disons que je m’interroge avec bienveillance -  puis, sans prévenir, je descends en flamme la fin du livre objet de cette chronique et au passage, à l’origine de ma réflexion. Mais où diable veux-je donc en venir, bon sang de bois ?

 

Lecteur, je te sens désorienté. Permet cet éclaircissement : Le livre est plaisant, s’appuyant essentiellement sur une histoire bien construite, qui happe à souhait, principalement dans la première partie. Je déplore les longueurs voulues ou non, de l’autre partie, il y a au moins 100 pages inutiles qui agacent le lecteur, enfin, qui m’ont agacé. Pas de fond dans le texte, seulement l’histoire, mais si on en accepte l’augure, cela cesse d’être un problème. Ca fait effectivement passer un moment, et ce n’est pas forcement déplaisant. J’aurai sans doute oublié à Noël de quoi il était question, mais ce n’est pas si important, et je lirai le prochain Houellebecq pour compenser.

 

C’est plus clair là ?

 

Une ultime nuance toutefois. Dans le genre, le duo Paul-loup Sulitzer/Loup Durand ou même un Bernard Lenteric dont je lisais les sagas, il y a 30 ans, étaient à mon sens bien meilleurs, sauf à les avoir sublimés. Mais je conserve un souvenir ému du Roi vert, d’Hannah et de l’impératrice, des enfants de Salonique … et de quelques autres. J’ai d’ailleurs découvert récemment que les vieux Sulitzer étaient introuvables en librairie, ils ne sont plus édités !

 

Publié dans Romans français

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