Les particules élémentaires

Publié le par Lectaritude et zôtres critures





« Les particules élémentaires »

Michel Houellebecq
France
Roman
J’ai Lu
2006
«««««






Voilà un auteur qui ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut, sauf peut-être sur le tapage médiatique qu’il suscite parfois. Un personnage, pas lisse pour un sou, provocateur à ses heures, qui soulève plus souvent qu’à son tour la controverse et la polémique. Adoré ou haï, ceux qui l’ont lu ne sont pas indifférents !

 

La couverture de cette édition de poche est en elle-même une provocation. La photo a quelque chose de très dandy, à la Gainsbourg, le sac de supermarché pour créer le décalage.

 

Autant d’ingrédients qui éveillent chez moi une curiosité intéressée.

 

J’ai voulu me faire ma propre opinion. On m’avait dit : « Ce type est une ignominie, il écrit avec sa queue ! ». Un point de vue féminin, évidement …

J’ai mieux compris ce qu’elle avait voulu dire en achevant l’ouvrage. Le sexe est un sujet du livre, si ce n’est le principal, en tous cas il tient une place prépondérante.

 

Houellebecq raconte le déclin de la civilisation occidentale au travers des existences ternes de deux frères. Homme médiocre et frustré, le personnage de Bruno, va, toute sa vie, chercher à satisfaire ses désirs sexuels. Rien à voir avec de la littérature érotique, c’est cru et réaliste.

 

Michel, son contraire, homme discret et peu sociable, mène une existence ascétique de chercheur en biologie moléculaire, loin des femmes et du sexe, auxquels il a renoncé dès la fin de son adolescence, sur une trahison amoureuse.

 

Pour le reste, l’auteur balaye la deuxième moitié du XXème siècle, avec une grande finesse analytique. Pour avoirs vécus les décennies visitées, je mesure assez bien la justesse du propos. C’est pertinent et osons-le, relativement brillant.

Les sujets de sociétés en vogues aux différentes époques sont évoqués méthodiquement. L’auteur livre aussi quelques réflexions de son cru : L’individu vs le collectif, le point de vue « Houellebecquien » sur la religion, etc …,

 

Houellebecq a su tirer chaque fois la « substantifique moelle » de la contestation du moment, évoque les différents phénomènes d’époques, illustre l’évolution des mœurs, des principes, et de la morale. Au-delà de notre temps, qu’il finit par rattraper,  il achève l’ouvrage par un développement sur le devenir de l’humanité.

 

Pour ce final étonnant, Houellebecq appuie sa narration sur le levier fantastique et un sujet d’une actualité récurrente : La manipulation génétique.

 

A la mort de Michel, ses travaux donnent naissance à la création d’une nouvelle race d’humains. Le propos est extrêmement bien documenté (d’un point de vue scientifique), mêlant habilement la fiction à des considérations puisées dans la réalité. Une nouvelle humanité émerge, en rupture avec l’ancienne, y compris sur les fondamentaux comme la reproduction de l’espèce, qui ne se fonde plus sur un modèle de procréation sexuée, mais sur une technique de clonage d’une même souche génétique.

 

La nouvelle espèce est lisse, l’individualisme disparait, la perfection génétique conduit à un monde idéal. C’est une forme de prélude au « meilleur des mondes » d’Huxley …. Huxley qui est d’ailleurs explicitement cité par l’un des personnages.

 

Sur le plan stylistique, l’écriture est très plaisante, jamais triviale, mais pas « lourde » non plus.

 

En bref, un très bon livre.

Publié dans Romans français

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N
<br /> Drôle de texte, dont j'ai du mal à me faire une opinion. D'abord, il est très complexe et peut-être faut-il plusieurs lectures pour vraiment tout appréhender. Mais c'est assez froid, et au final,<br /> je n'ai pas eu vraiment de plaisir à lire ce roman. Malgré tout, il faut bien reconnaître que Houellebecq prouve ici qu'il est un vrai écrivain, doté d'un grand talent.<br /> <br /> <br />
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