Du vent dans mes mollets.

Publié le par Lectaritude et zôtres critures

 

 

 

« Du vent dans mes mollets »
Auteur : Raphaële Moussafir
Pays : France
Genre : Roman
Editeur : Les mues - Intervista
Date : Avril 2006
Avis : «««««                      
 
 
 
 
Une amie, fraichement débarquée dans mon carnet d’adresse personnel, libraire de son état, avec qui j’entretiens quelques échanges épistolaires sur des recommandations de lecture, me déclare, à propos de « Du vent dans mes mollets : « je mets un petit holà à celui là. C’est sans nul doute un des meilleurs livres que je n’ai jamais lu, et toutes mes collègues et mes amies te diront la même chose, sauf que… si je l’ai offert à toutes les femmes de mon entourage (véridique), je ne l’ai offert à aucun garçon, je ne connais donc pas le point de vue masculin de ce livre. »
 
Il n’en fallait pas plus pour éveiller une curiosité qui ne demandait qu’à l’être. Les goûts littéraires de cette nouvelle amie, recouvrant en grande partie les miens. Eveillée doublement d’ailleurs, par la qualité annoncée du roman (« un des meilleurs livres jamais lu ») et aussi parce que l’effet sur un garçon n’a jamais été testé. C’est le genre de moteurs, puissants, qui peuvent m’animer !
 
Me voilà donc parti acquérir la pépite ! Une fois sur place, l’objet en main, je feuillette rapidement l’ouvrage et tombe sur la préface de qui ? Je vous le demande. D’Howard Buten. Argument ultime, qui achève, de me convaincre. Pourtant lus il y a fort longtemps, j’ai toujours en mémoire ses deux ouvrages les plus connus : « Quand j’avais cinq ans je m’ai tué » et « le cœur sous le rouleau compresseur », que j’avais naturellement appréciés, sinon Buten ne serait pas une référence pour moi !
 
Venons-en au sujet de cette chronique.
 
Raphaële Moussafir nous raconte les aventures quotidiennes de Rachel, neuf ans, petite fille drôle et tendre. Le premier paragraphe du prologue résume bien le roman :
 
« comme ça fait une semaine que j’ai des mauvaises notes, mal à la tête et que je dors tout habillée avec mon cartable et mes affaires de gym pour pas être en retard à l’école, maman m’a proposé d’aller voir madame Trebla, une dame qui parle avec les enfants et qui après quelques dessins, arrive à les convaincre de se mettre en pyjama le soir, d’enlever leur cartable et leurs chaussures avant de se coucher à l’intérieur de leurs couvertures. »
 
Dix chapitres suivent cette « mise en bouche », qui sont dix séances de Rachel avec son pédopsychiatre. Elle se raconte, pose un regard d’enfant déjà bien acéré sur son environnement, égratigne sa famille, livre ses perceptions sans complaisance du monde des adultes et relatent les petites misères qui meublent son quotidien.
 
L’auteur dépeint une petite fille sensible, alternativement amusante, émouvante, espiègle, décapante. Certains passages sont à mourir de rire, d’un réalisme incroyable. On se dit souvent « C’est tout à fait ça ! » Le livre est globalement très drôle.
 
Un livre très court, trop …
 
Donc, chère amie, l’avis d’un garçon : Même si je ne doute pas que les tribulations de Rachel toucheront infiniment plus les filles qui doivent très logiquement s’y reconnaitre beaucoup – Le passage de la Barbie complètement « à poil », qui se frotte au Ken tout aussi nu, et qui finit par aller batifoler avec Musclor est tordant – et bien, je recommande ce livre aussi aux hommes et même aux enfants à partir de 8 – 10 ans.
 
Le roman a depuis été porté au théâtre par l’auteur.
 
Un mot de l’éditeur que je ne connaissais pas. Intervista (site ici) est spécialisé dans la littérature autour du cinéma et édite, entre autre, les ouvrages de Luc Besson, la série des « Arthur » ainsi que des livres « making of » de tous ses films. Intervista vient d’ouvrir une collection de littérature générale : « Les mues »
 
« Les mues, c’est une collection d’impulsions et d’humeurs différentes (légère, impertinente, drôle, révoltée, survoltée, réaliste ou fantastique), qui s’articule autour d’un thème … changer » 
 
Je sens que je vais revenir sur quelques autres ouvrages de cette collection dont la coloration paraît intéressante.
 
Pour finir quelques extraits
 
Rachel est drôle : « Ensuite j’ai expliqué à madame Trebla qu’avec Hortense notre plus grand point commun, c’était qu’on avait jamais porté plainte contre nos parents pour notre coupe de cheveux parce qu’on était des chic filles, mais que c’était pas l’envie qui nous manquait »
 
Rachel ironise : « Le problème comme dit papa, c’est que si on tient à la vie, il y a des valeurs sûres auxquelles on ne touche pas : Le pape, même si on est juif et l’inventeur du hachis Parmentier, même si y en a marre des patates. »
 
Rachel et ses petites fractures : « « Je précise que je suis très étonné ma chérie, d’apprendre que tu es prête à payer pour rentrer au club des amies d’une fille en plastique avec des cheveux en nylon filasse ». Ensuite il a demandé à maman de bien lui faire penser à ne pas surchauffer la maison afin d’éviter à ma meilleure amie de fondre sur un radiateur. …/… Je lui aurais bien dit que c’était pas si facile que ça de jouer avec des vraies petites filles gratuitement, mais comme franchement il n’y a pas de quoi s’en vanter, j’ai rien dit »
 
Le papa de Rachel fait de l’humour noir : « Papa m’a dit que si la différence était une chance, il y aurait six millions de juifs de plus sur terre »
 
Hortense calculatrice : « Les péchés font partie des obligations de l’existence, figure-toi Rachel. Si j’ai rien à confesser, soit le père Nehac sera déçu, soit il me prendra pour une menteuse, et je peux pas trop me permettre de le contrarier avant ma première communion si tu vois ce que je veux dire »
 
La logique de Rachel : « Je pense que quand on est mort on ne le sait même pas. Et en même temps, c’est peut être mieux de ne pas le savoir, comme ça, ça fait pas trop de peine au mort lui-même. Mais ça fait de la peine aux vivants qui ont pitié du mort qui sait pas qu’il est mort »
 
Discussion avec mémé : « « - Et il est mort à quel âge ton petit frère mémé ? – A vingt ans le pauvret ! –A cause de quoi ? – Il a eu la diarrhée. »    Penser à ne plus jamais boire des litres et des litres de laid froid chocolaté…   Pourquoi sa maman elle lui a pas donné son Immodium ? »

Publié dans Romans français

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